Insécurité alimentaire des ménages dans l’Est ontarien

Insécurité alimentaire des ménages 
Impact
Surveillance de l’abordabilité des aliments
Différents scénarios
Solutions efficaces
Que fait le BSEO?
Que pouvez-vous faire?
Références

Insécurité alimentaire des ménages

L’insécurité alimentaire des ménages (IAM) est la qualité inadéquate, l’accès incertain, les quantités limitées et/ou l’absence de nourriture en raison de limitations financières.1

L'insécurité alimentaire est un problème de santé publique grave qui s'aggrave, mais qui peut être évité au niveau local, régional et provincial.1 Les données de l’Enquête canadienne sur le revenu (ECR) pour le BSEO indiquent que :

  • 1 ménage sur 5 (19,1 %) a connu un niveau d’IAM au moins une fois au cours des 12 derniers mois2, et
  • 16,1 % des enfants vivent dans l’insécurité alimentaire.3

Impact

Le fait de ne pas avoir les moyens d’acheter des aliments nutritifs a un impact négatif sur la santé des individus, des familles et des communautés. Les enfants vivant dans des ménages en situation d’insécurité alimentaire sont plus susceptibles d’avoir reçu un diagnostic d’hyperactivité ou de trouble déficitaire de l’attention, et les adultes courent un plus grand risque de mauvaise santé mentale.4, 5

Surveillance de l’abordabilité des aliments

Chaque année, le BSEO surveille l’abordabilité des aliments à l’aide de l’outil d’enquête sur le panier de provisions nutritif (PPN). L'outil du PPN permet de surveiller l'abordabilité des aliments dont les détails suivants :

  • L’évaluation comporte 61 aliments.
  • Le prix retenu est le moins cher parmi huit épiceries de la région.
  • Tous les aliments évalués répondent aux recommandations du Guide alimentaire canadien.
  • On présume que les gens ont le temps, les compétences et l'équipement nécessaires pour cuisiner ces aliments.
  • Cela n'inclut pas les plats cuisinés préparés ni les articles ménagers non alimentaires.
  • Des scénarios de cas cohérents (décrits ci-dessous) comparent le coût des aliments.

Différents scénarios

Une (1 personne) seule recevant de l’assistance sociale

Les programmes d’assistance sociale ne fournissent pas suffisamment de revenus aux ménages pour qu’ils puissent répondre à leurs besoins fondamentaux, y compris l’achat de nourriture, les rendant beaucoup plus susceptibles à l’insécurité alimentaire. Mettre de l’argent de côté pour les dépenses imprévues est difficile, car ils n’ont pas les moyens de payer les biens de première nécessité comme le loyer et la nourriture.

  • En Ontario, 53 % des ménages qui se fient à l’assistance sociale vivent dans l’insécurité alimentaire.1
  • Le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées (POSPH) alloue plus d’argent chaque mois, mais ce n’est toujours pas suffisant pour subvenir aux besoins fondamentaux.
1 personne
Assistance sociale6
OT POSPH Enceinte, POSPH
Revenu 885 $ 1469 $ 1509 $
Loyer (1 chambre) 739 $ 793 $ 793 $
Nourriture 409 $ 409 $ 433 $
Argent qui reste -263 $ 267 $ 283 $

Assistance sociale pour 2 à 3 personnes

Le type de ménage peut affecter le risque d’insécurité alimentaire du ménage.

  • 41 % des ménages monoparentaux composés de femmes sont en situation d'insécurité alimentaire.1
  • Les parents, en particulier les mères, qui vivent dans des ménages en situation d'insécurité alimentaire, manquent souvent de quantité adéquate de nourriture pour s'assurer que leurs enfants aient suffisamment à manger.7
2 à 3 personnes
Assistance sociale6
Couple, POSPH Monoparental, 2 enfants (plus de 6 ans), OT Monoparental, 2 enfants (moins de 6 ans), OT
Revenu 2609 $ 2677 $ 2870 $
Loyer (2 chambres) 793 $ 986 $ 986 $
Nourriture 679 $ 877 $ 689 $
Argent qui reste 1137 $ 814 $ 1195 $

Travailleur au salaire minimum

Occuper un emploi ne signifie pas que vous êtes protégé contre l’insécurité alimentaire. De plus en plus de personnes occupent des emplois à faible salaire et sont confrontées à des choix difficiles – comme acheter de la nourriture ou chauffer la maison, ou nourrir leurs enfants ou payer le loyer. Cela peut causer un endettement, du stress, des problèmes de santé, et obliger de nombreuses personnes à travailler de longues heures, souvent à plus d’un emploi, simplement pour subvenir à leurs besoins fondamentaux.8

  • 59 % des ménages en situation d’insécurité alimentaire dépendent d'un salaire, d'une rémunération ou du revenu d'un travail autonome en Ontario.
  • L’Ontario Living Wage Network encourage les employeurs à verser un salaire décent à leurs employés, pour qu’ils puissent subvenir à leurs dépenses de base et s’engager dans la communauté.8
Famile de 46 OT Travailleur au salaire minimum à temps plein Revenu médian (après impôt)
Revenu 2916 $ 4515 $ 9685 $
Loyer (3 chambres) 1267 $ 1267 $ 1267 $
Nourriture 1176 $ 1176 $ 1176 $
Argent qui reste 473 $ 2072 $ 7242 $

Points à considérer :

  • Les programmes visant les « filets de sécurité sociaux », actuellement en place en Ontario, ne permettent pas aux ménages de répondre à leurs besoins fondamentaux.
  • On ne peut pas économiser de l'argent si l’on ne peut pas payer le loyer ni la nourriture.
  • On ne peut pas économiser de l'argent pour payer les imprévus.
  • Une augmentation du coût de la vie touche les ménages différemment, les ménages à faible revenu, entre autres, sont incapables de répondre à leurs besoins fondamentaux.
  • Les ménages à faible revenu ont du mal à couvrir les dépenses de base comme le logement, les médicaments, les vêtements et chaussures, les services publics, les communications et le transport.1
  • De plus en plus de travailleurs sont confrontés à des choix difficiles : payer leur nourriture, se chauffer, nourrir leurs enfants ou payer leur loyer. Cela entraîne des dettes, du stress et des problèmes de santé.
  • Les gens sont confrontés à de longues heures de travail et occupent souvent plusieurs emplois.8

Solutions efficaces

La pauvreté, sous ses diverses formes, est la cause profonde de l’IAM, la solution efficace étant d’augmenter les revenus pour garantir qu’il y a suffisamment d’argent dans le budget pour la nourriture, le loyer et d’autres produits essentiels.

Les solutions efficaces pour lutter contre l’insécurité alimentaire comprennent :1,7,9

  • ajuster les taux d'assistance sociale pour refléter le coût de la vie réel
  • réévaluer les programmes de soutien du revenu existants comme les prestations pour enfants et les prestations d'invalidité
  • élargir les programmes de déclaration de revenus pour les ménages à faible revenu afin de garantir l'accès aux subventions gouvernementales admissibles
  • améliorer les normes d'emploi, telles que les avantages sociaux et les salaires décents
  • adopter une politique de salaire décent8

Il est important de comprendre que l’insécurité alimentaire n’est pas une question de budget ou de compétences alimentaires et ne peut être résolue par des programmes d’éducation et d’accès à la nourriture. Bon nombre de programmes et stratégies actuellement en œuvre offrent des solutions inefficaces à l’insécurité alimentaire des ménages :

  • Les programmes alimentaires caritatifs, comme les banques alimentaires et les programmes de repas prêts à manger, aident à prévenir la faim temporairement en fournissant une quantité limitée de nourriture.1,7,9
  • L'alphabétisation alimentaire comprend comprendre l'accès à la nourriture, des connaissances alimentaires, l’auto-efficacité en termes d’aptitudes à cuisiner, l’établissement d’un budget et les comportements alimentaires. Les jardins, les cuisines et les groupes de cuisine communautaires peuvent contribuer à soutenir certains aspects de l'alphabétisation alimentaire; cependant, les données montrent que ces éléments n’améliorent pas l’insécurité alimentaire des ménages.1,7,9
    • La littératie alimentaire peut aider les individus à maximiser les ressources limitées. Cependant, il faut comprendre que l’insécurité alimentaire en soi constitue un obstacle à l’application cohérente des compétences alimentaires dans la vie de tous les jours.9

Que fait le BSEO?

Surveillance et contrôle

En plus de surveiller chaque année l'abordabilité des aliments, le BSEO guette et rend compte également de la prévalence et de la gravité provinciale, régionale et locale de l'insécurité alimentaire, de son impact sur la santé et de ses causes profondes, ainsi qu’il sensibilise et renseigne sur le problème, sur les solutions efficaces et sur le soutien à mettre en œuvre.

Éducation, sensibilisation et plaidoyer

Le BSEO met régulièrement à jour son site Web sur l'insécurité alimentaire des ménages dans l'Est de l'Ontario pour informer les membres de la communauté sur l’IAM dans notre région et les inviter à soutenir des solutions basées sur le revenu pour réduire l’IAM. Des messages sur les réseaux sociaux sont publiés régulièrement sur nos plateformes pour transmettre des renseignements sur l’IAM et inviter les membres à agir pour la réduire.

De plus, le BSEO offre des possibilités d'information et de formation sur les causes et les implications de la pauvreté et de l’IAM à l’ensemble de son personnel interne et aux membres de son conseil de santé.

Le BSEO a approuvé l’Énoncé de position et recommandations sur les réponses à l’insécurité alimentaire des Diététistes en santé publique de l’Ontario (ODPH) déclarant que l'insécurité alimentaire est un problème de santé publique urgent et que des politiques pour améliorer le revenu des ménages vulnérables sont nécessaires pour lutter efficacement contre l'insécurité alimentaire.

Changement politique et environnemental

En 2023, le BSEO est devenu un employeur offrant un salaire décent et est engagé dans le processus des salaires décents pour toutes nos communautés.

En 2024, le BSEO s’est engagé à devenir un organisme culturellement sécuritaire. Il appliquera le cadre des indicateurs d'équité élaboré par l'Anti-Racist Network of Saskatoon dont l’apprentissage est facilité par le Prairie Centre for Racial Justice.

Renforcer les capacités communautaires

Le BSEO collabore avec des partenaires communautaires, des personnes vivant dans des conditions marginalisées et des organisations travaillant avec ces dernières pour déterminer les priorités et les actions locales permettant de lutter contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté.

Que pouvez-vous faire?

Voici d’autres façons de faire face aux impacts de l’insécurité alimentaire des ménages :7,10

  • Discuter des obstacles financiers avec les clients. Fournir des conseils réalistes, réalisables et centrés sur la personne aux clients confrontés à l’IAM.
  • Diriger les gens vers les services d'impôts gratuits dans la communauté. Il est nécessaire de produire des déclarations de revenus pour accéder à de nombreux crédits d'impôt et programmes de prestations.
  • Se renseigner sur les programmes d'aide financière disponibles et faire connaître la page Web des prestations du gouvernement du Canada avec toute personne qui pourrait en avoir besoin. 
  • Diriger les gens vers 211ontario.ca ou le 2-1-1 pour bénéficier des ressources communautaires locales.
  • Encourager les gens à parler à un travailleur social et à remplir les formulaires appropriés dans les meilleurs délais. Si ce sont des personnes enceintes, qui allaitent ou qui fournissent du lait maternisé, elles pourraient avoir droit à une allocation pour régime alimentaire spécial si elles reçoivent actuellement de l'assistance sociale.

Pour en savoir plus sur les efforts en cours afin de réduire l’insécurité alimentaire ou pour savoir comment nous pouvons soutenir vos interventions, veuillez communiquer avec nous à info@eohu.ca.

Références

  1. Li T, Fafard St-Germain AA, Tarasuk V., Household food insecurity in Canada. 2022. Toronto: Research to identify policy options to reduce food insecurity (PROOF), 2023. Disponible depuis https://proof.utoronto.ca/
  2. Santé publique Ontario. Snapshot de l’insécurité alimentaire des ménages, Toronto, ON: Imprimeur du Roi pour l’Ontario. Disponible depuis : https://www.publichealthontario.ca/fr/Data-and-Analysis/Health-Equity/Household-Food-Insecurity
  3. Public Health Ontario. L’insécurité alimentaire chez les enfants d’après les données de l’Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes, Toronto, 2023.
  4. PROOF Food Insecurity Policy Research. The Impact of Food Insecurity on Health. 2016. Disponible depuis : https://proof.utoronto.ca/resource/the-impact-of-food-insecurity-on-health/
  5. PROOF Food Insecurity Policy Research. Food Insecurity and Mental Health. 2016. Disponible depuis : https://proof.utoronto.ca/resource/food-insecurity-and-mental-health/
  6. Bureau de santé de l’est de l’Ontario, Ontario Nutritious Food Basket Data Results. 2024.
  7. Les Diététistes du Canada. Énoncé de position des Diététistes du Canada sur l’insécurité alimentaire des ménages au Canada, mars 2024. Disponible depuis :  https://www.dietitians.ca/Advocacy/Priority-Issues-(1)/Position-Statement-on-Household-Food-Insecurity
  8. Ontario Living Wage Network, What is a Living Wage?, 2024. Disponible depuis : https://www.ontariolivingwage.ca/about
  9. Les Diététistes en santé publique de l’Ontario. Énoncé de position et recommandations sur les réponses à l’insécurité alimentaire des Diététistes en santé publique de l’Ontario, 2020. Disponible depuis : https://www.odph.ca/membership/documents/5883
  10. Les Diététistes en santé publique de l’Ontario. Pediatric Nutrition Guidelines, Birth to Six Years, for Health Professionals. 2024. Disponible depuis : https://www.odph.ca/png